BO numéro spécial n°3 du 19/6/2008 annexé à l’arrêté du 9/6/2008.
Remarque préliminaire : Il s’agit d’une réaction personnelle, donc subjective, à une première lecture des textes. Il faudra voir les résultats de leur application (avantages et inconvénients) et vos observations seront les bienvenues car elles permettront d’établir alors une analyse plus objective, donc constructive, s’appuyant sur des faits.
Mon analyse s'appuie sur les principes pédagogiques suivants:
- Ne pas confondre assimilation et mémorisation. Les deux sont indispensables, mais il faut assimiler avant de mémoriser, sinon l'élève risque d'utiliser mécaniquement sa mémoire, comme on utilise la calculette, alors que l'essentiel est de savoir pourquoi on utilise sa mémoire, qui n'est qu'un outil; voir Piaget dans (1).
- Une notion ne peut être assimilée que si elle peut être intégrée à une structure (1). il faut donc d'abord analyser les notions qui doivent être déjà acquises pour pouvoir assimiler la notion nouvelle, et s'assurer que ces notions sont déjà assimilées dans la structure de connaissances de chaque élève.
- Enfin la notion ne sera assimilée que si l'élève s'y intéresse : on ne fera jamais boire un mulet qui n'a pas soif (C.Freinet)
Ainsi, pour assimiler le nombre, il est indispensable d'avoir la notion d'ensemble (collection), puisque le nombre est l'étiquette permettant de dire la quantité d'éléments de l'ensemble.
Les opérations sur les nombres sont donc des étiquettes pour donner le résultat d'opérations sur des ensembles.
ANALYSE DES PROGRAMMES.
Les citations en italique gras sont celles des textes officiels.
CALCUL.
Les programmes et progressions sont des annexes de l'arrêté du 9/6/2008 , donc un texte règlementaire, qui doit être obligatoirement exécuté. Il n'est donc pas question pour nous de les modifier, mais simplement de les analyser pour en tirer le meilleur parti. Ces textes sont très utiles pour les enseignants car ils les aident à établir leurs plans de travail annuel, mensuel et quotidien. Mais ces textes comportent des remarques pour aider le maître à choisir sa pédagogie et c'est souvent sur ces remarques que portent mes réflexions.
ECOLE MATERNELLE: Programmes – Les citations sont prises dans l'ordre du texte.
''Les enfants...parviennent...à classer selon la forme, la taille, la masse , la contenance ''Excellent pour préparer la notion d'ensemble (ou collection), qui est un groupement choisi en fonction d'un critère. Mais pourquoi la masse (le poids je pense), notion qui sera abordée dans le système métrique. La forme et la taille sont suffisantes pour atteindre le but: découvrir ce qu'est un ensemble (collection, groupe), surtout si on y ajoute la couleur, très repérable à cet âge là (voir l'ancien matériel Diénez) (2) pages 1 et 2.
'' Les enfants acquièrent la suite des nombres au moins jusqu'à 30...'' Pourquoi jusqu'à 30 puisque le but est d'apprendre à dénombrer? Les neufs premiers nombres suffisent. A partir de 10 les enfants voudront connaître l'étiquette, pourquoi deux chiffres? C'est tout le problème de la numération, qui sera étudiée plus
(1)L'être humain (Wallon et Piaget) – 7 p. - 04/2004
(2) Arithmétique – 6p – 11/2004
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tard (2). Il est vrai que les parents sont fiers que leur enfant sache compter jusqu'à trente, et même au delà, dès l'école maternelle. Mais comment l'élève va t'il construire sa structure mathématique (1) si dès le départ on mélange tout?
Il ne faut pas oublier que l'école maternelle n'est pas obligatoire et au C.P. il faudra reprendre obligatoirement ces acquisitions. Il vaut donc mieux avancer lentement, prudemment, et viser l'essentiel, qui pourra faciliter le travail du C.P.
Les programmes de maternelle sont très utiles puisqu'ils permettent de préparer l'étude des nombres et des quantités. Mais l'étude des quantités est peut être prématurée, car il s'agit d'une structure qui n'est pas perceptible directement, comme un objet. Elle nécessite le choix d'un attribut, une réunion, et surtout la perception d'un ensemble en dehors de l'attribut choisi et de la disposition des éléments. Mais on peut préparer l'assimilation plus tard de cette notion difficile en faisant découvrir les formes, les tailles, les couleurs, qui sont des attributs, et en les faisant grouper.
C.P.- C.E.1 : ''La connaissance des nombres et le calcul … sens des opérations ''. Le but de l'enseignement du calcul à ce niveau est ainsi nettement défini.''L'acquisition des mécanismes en mathématiques est toujours associée à une intelligence de leur signification'', on ne peut qu'acquiescer, mais j'aurais préféré ''précédé par'' au lieu ''d'associé à'' (voir haut page 1).
Compétences : Je pense que par ''environnement numérique '' il faut entendre, à ce niveau, vie quotidienne et il est vrai que l'utilisation du vécu (concret) permettra à l'élève de découvrir que le nombre, qui n'est qu'un outil, est indispensable pour résoudre de nombreux problèmes de tous les jours.
Il est à noter que le mot numération n'apparait nulle part, or c'est une notion indispensable pour l'étude des nombres,: dès qu'on arrive à 10 se pose la question: pourquoi deux chiffres, comment les construit on? Sinon on va monter un simple mécanisme d'une suite de mots. Voir (2).
C.E.2 – CM : Mécanismes et leur signification. Même remarque que pour le C.P.- CE1. ''...des nombres plus grands peuvent être rencontrés'' . Rencontrés où? Pour dire 100 millions on écrit 100 M. '' Principes de la numération décimal de position'' alors qu'on na abordé nulle part la numération des nombres entiers? La numération décimale peut facilement être abordée avec les mesures de longueurs.
On trouve les mêmes remarques: on semble privilégier la mémorisation au détriment de la construction
des notion, indispensable pour la mémorisation
CONCLUSION: Pour permettre à l'élève d'assimiler les notions à acquérir il faut avant tout analyser la place de cette notion dans la structure des connaissances, et respecter l'ordre d'acquisition des connaissances nécessaires. Par exemple pour le calcul: ensemble-quantité-nombre (à mémoriser)-opérations (à mémoriser). Le nombre n'étant qu'une étiquette pour dire la quantité, et les opérations sur les nombres qu'une technique pour trouver l'étiquette du résultat d'une opération sur les ensembles.
Je me suis spécialisé dans la pédagogie des math, mais, en m'appuyant sur mon expérience de dix ans d'instituteur dans un groupe Freinet et sur trente ans d'inspection, j'ai quelques idées pour les autres disciplines.
Les textes officiels faciliteront ici le travail de l'enseignant en lui fixant un programme et lui proposant des progressions.
Mes réflexions porteront uniquement sur les principes pouvant guider la pédagogie, en m'inspirant toujours du besoin de motivation chez l'élève et de la nécessité de respecter les règles du structuralisme cher à Piaget.
Vous trouverez donc ci après le résultat de mes observations pour les autres disciplines que les math.
FRANCAIS.
Le français est une langue d'échange ( voir mon texte sur L'être humain).On l'apprend d'abord par échange oral, puis écrit; ce qui suppose l'aptitude à lire et à écrire.
Pour apprendre à lire il faut que l'élève soit motivé, qu'il ait envie de lire. Ensuite la méthode importe
peu (1)
Le français est une langue qui sert à la communication orale et écrite, l’enseignement de l’orthographe et de la grammaire est donc indispensable pour que plus tard l’adulte puisse maîtriser l’expression de sa pensée. Or, dans le système scolaire, l’enseignement du français porte en général sur la pensée des autres?
Par exemple la dictée ou les exercices de grammaire. L’élève est alors un objet d’enseignement
et doit mémoriser des règles qu’il devra ensuite appliquer mécaniquement. Mais comment appliquer
des règles de français sur un message dont on ne connaît pas le sens ? L’élève faisant une dictée ou
un exercice de grammaire s’occupe peu ou pas du sens du message, il cherche d’abord quelle règle
il doit appliquer en prenant les mots les uns après les autres. C’est donc bien un élève objet. Ceux
qui ont compris à quoi servent ces exercices peuvent ensuite les appliquer à leur pensée .Mais les
autres ? (2)
En français il faut choisir un texte d'élève (texte libre ou rédaction) permettant d'aborder une notion (de
grammaire par exemple), le copier au tableau et demander aux élèves de réagir au message, poser des questions à l'auteur pour préciser le message et l'enrichir. Le maître doit participer à ce travail collectif, ce qui lui permet de proposer la notion à acquérir. L'auteur a la droit de donner son avis et dire si l'on respecte sa pensée. Ensuite, la
notion étant assimilée (à quoi sert la nouvelle notion?), on peut utiliser les outils habituels (exercices, manuel...)
pour la fixer en mémoire.
GEOGRAPHIE.
La géographie est l'étude de l'ensemble des caractères actuels physiques et humains de la terre
Il s'agit donc de partir de l'environnement immédiat vécu par les élèves, et commun à tous, pour permettre les échanges: classe, école, quartier ou village, département, région, France... En respectant la structure des notions concernant l'espace (3): topologie, distances, représentation.
Ici les textes officiels sont très utiles car ils facilitent l'organisation du travail de l'enseignant.
HISTOIRE.
L'histoire est l'étude des évènements passés concernant notre vie.
Comme pour la géographie il faudra partir des évènements communs à l'ensemble des élèves et concernant
(1)Apprendre à lire – 1p – 08/2000
(2)La langue française 2p. - 03/2003
(3)Notion d'espace – 1p. - 01/2006
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la classe, l'école, et surtout la commune (fêtes, monuments, moments importants qui ont été vécus en commun)
pour faire prendre à l'enfant la conscience du temps historique, dépassant largement le temps vécu, et en
particulierles notions de durée et de rythme.
Le problème de la représentation du temps historique devra être l'objet de beaucoup d'attentions, car c'est une grandeur difficile à imaginer, même pour les adultes, par exemple que Jeanne d'Arc est plus proche de nous que
de Charlemagne.
Ici encore les textes officiels seront très utiles, comme pour la géographie.
EDUC ATION ESTHETIQUE.
Nous sommes ici devant des échanges émotionnels qui concernent donc l'affectivité et où les structures intellectuelles n'ont plus rien à voir. L'auteur d'une œuvre d'art veut communiquer une émotion, un sentiment, et le spectateur doit ressentir une émotion à son tour en recevant le message, émotion parfois différente de celle de
l'auteur, car nos émotions dépendent de notre histoire personnelle. N'est pas beau ce qui est beau, est beau ce qui me plait.
Une œuvre est appelée œuvre d'art lorsqu'elle provoque une émotion chez de nombreux individus, elle crée
alors un lien affectif entre eux, elle est à la base d'une civilisation.
On peut essayer de découvrir les moyens utilisés par l'artiste pour créer l'émotion en entrant dans l'analyse de l'œuvre, ce qui relève de l'intelligence et donc de nos connaissances. Puis on peut proposer à l'élève d'utiliser ce
qu'il a découvert pour communiquer à son tour ses émotions.
Suivre les textes officiels sans jamais oublier les objectifs.
EDUCATION PHYSIQUE.
Elle a pour objectif de découvrir les possibilités de son corps et les développer. Elle n'a donc rien à voir avec
le sport qui, par contre, est un excellent moyen de motiver l'élève pour développer son éducation physique. On
ne fait donc jamais une leçon de foot, mais on utile le foot pour développer des aptitudes physiques.
CITOYENNETE.
L'éducation à la citoyenneté consiste à préparer l'élève à s'intégrer harmonieusement dans la société dans
laquelle il vit.
Cela suppose d'apprendre les règles de vie édictées par la société (4), qu'on appelle la morale, comme on
apprend le code de la route, et pour les mêmes raisons. Mais c'est aussi, et surtout, faire découvrir à l'élève la
nécessité de règles pour vivre ensemble. Et cela peut facilement se réaliser à travers de vrais conseils de classe ou réunions de coopérative, où le maître n'est pas le président mais le facilitateur L'élève vivra alors la démocratie.
CONCLUSION.
On peut ainsi suivre les nouveaux programmes et progressions sous réserve de ne jamais perdre de vue les
objectifs pédagogiques, qui ne sont pas assez précisés dans les textes officiels, et de ne jamais oublier
qu'aujourd'hui, dans notre société, il faut entraîner l'enfant à apprendre à apprendre et donc comprendre avant de mémoriser, les deux étant indispensables.
Robert Pelleing
(4)Pensée, humanité, citoyenneté – 3p - 12/2006