Notre société fait-elle une évolution ou une révolution ?
Les sociétés ont toujours évolué, sous peine de disparaître, en fonction des moyens de communication, selon Wallon. Mais cette évolution se faisait lentement, en suivant la diffusion des nouveaux moyens de communication (voir L’aventure Humaine). De plus les populations, depuis la sédentarisation, restaient majoritairement en place.
Aujourd’hui l’évolution exponentielle des techniques, la mobilité des populations et leur mixage, la dispersion des familles éloignant les générations, provoquent une perte des repères : pour les jeunes, difficulté d’un choix dans la diversité des valeurs proposées, pour les vieillards, incapacité d’intégrer les « nouveautés » trop changeantes, pour beaucoup d’adultes, difficultés à s’adapter à des variations permanentes, souvent importantes. Dans sa Lettre aux éducateurs le Président écrit d’ailleurs (p.7) : « Chaque époque suscite des attentes qui lui sont propres ».
Autrefois pour être équilibré, c'est-à-dire heureux, il suffisait d’intégrer les règles de fonctionnement de chaque groupe d’appartenance et de les respecter , ces règles n’évoluant que lentement, ce qui donnait le temps de s’y adapter. Aujourd’hui la fluctuation quasi permanente de ces règles rend l’équilibre fragile.
Notre société vit donc une évolution trop rapide, qui ressemble fort à une révolution.
« Toute civilisation repose sur une hiérarchie de valeurs » (p.9), mais notre société repose aujourd’hui sur une valeur de base, non explicitée mais très puissante : l’argent. En effet le capitalisme libéral international exige une société de consommation et, à travers les médias, les individus (nous comme les autres) sont conditionnés à devenir des objets de consommation et non plus des individus libres dans ce domaine. Nous avons de plus en plus de difficulté à prendre du recul face à la publicité, sous toutes ses formes, et surtout les plus insidieuses, et on nous impose ainsi des modes de consommation. Ce qui permet un enrichissement de quelques uns certes, mais le P.I.B. étant limité, cet enrichissement de certains entraîne hélas un appauvrissement de beaucoup d’autres. Et ce qui est vrai pour les individus l’est aussi pour les nations : pays riches et pays pauvres.
Quelle leçon tirer aujourd’hui pour l’école élémentaire ?
L’école conditionne la société future, mais elle est conditionnée par la société dans laquelle elle vit.
Un des premiers problèmes posés à l’école est celui des rythmes de fonctionnement. La France est le pays au monde ayant la journée la plus chargée, et cela à tous les niveaux. Un enfant de six ans (CP) subit six heures par jour, comme un enfant de onze ans (CM2). On a beau aérer la journée à travers la variété des exercices, le temps de présence à l’école est le même pour tous. Cette charge horaire quotidienne permet de réduire le nombre annuel de jours de classe et la France est le pays ayant les plus longues vacances.
On réduit actuellement la semaine à quatre jours, mais on ne règle pas le problème car il reste six heures par jour à l’école, sans compter les travaux à la maison. De plus, des coupures de plusieurs jours ne servent à rien, au contraire, les enfants ayant plus de difficultés à rentrer dans le rythme scolaire après la coupure. Les chercheurs, qui depuis cinquante ans étudient la biopsychologie à l’école, ont constaté qu’une coupure de moins de huit jours était inefficace et même nuisible. Cette règle est d’ailleurs appliquée depuis des années pour les petites vacances, car cela arrangeait le tourisme ! Ces mêmes chercheurs proposent aujourd’hui d’ajuster la durée de la journée scolaire à l’âge des enfants.
Un autre problème est celui du redoublement qui a purement et simplement été supprimé : on change de cours en fonction de l’âge, et certains parents y tiennent et font
pression sur l’Education Nationale. Les responsables devraient relire Piaget, qui a découvert, à partir de l’observation de ses propres enfants, que le rythme des acquisitions varie d’un enfant à l’autre suivant les domaines : tel enfant a un rythme de développement intellectuel plus lent mais un rythme de développement moteur plus rapide, ou inversement ; mais la grande majorité atteint un même développement pour l’ensemble à un âge donné, qui caractérise alors un stade de développement. C’est ainsi que vers onze ou douze ans la majorité des enfants ont atteint le stade de la pensée abstraite, et peuvent entrer en sixième. « Nul ne doit entrer en 6ème s’il n’a pas fait la preuve qu’il est capable de suivre » (p.24), ce qui suppose que ce passage ne doit plus être fait en fonction de l’âge. C’est vrai aussi pour le domaine affectif, qu’on oublie trop souvent, en particulier pour les entrées précoces au CP
Mais le problème le plus important est celui de préciser les finalités de l’école, qui vont conditionner les contenus (programmes) et la pédagogie (instructions).
A quoi sert l’école ? Le Président précise (p.7) « aider (les élèves) à devenir des adultes, à devenir des citoyens », ce qui a été les objectifs de l’éducation depuis toujours. Les documents les plus utilisés actuellement sont la circulaire de préparation de la rentrée 2007 (C.M. 2007 011 du 9/1, publiée au B.O.E.N. no3 du 18 /1) et que nous signalerons, pour les citations, par (C p…), et la lettre du président, que nous signalerons par (L p…).Pour les autres textes nous donnerons les références au fur et à mesure.
Partons de l’étude de la C.M. Il est constamment question de l’école maternelle et de son rôle important dans l’acquisition des bases. Le cycle commun s’acquiert progressivement de l‘école maternelle à la fin de la scolarité obligatoire (C 113). Or le ministre semble ignorer que l’école maternelle n’est pas obligatoire ! Va-t’on ramener l’obligation scolaire à 5 ans ? Sinon comment feront pour suivre ceux qui n’ont pas reçu les bases indispensables ?
Le schéma de la circulaire s’organise autour des connaissances, des capacités, des compétences et des aptitudes. Voyons les définitions de ces mots. Connaissances : ce que l’on a appris, capacités : aptitude à faire, à comprendre quelque chose, compétence : capacité reconnue dans une matière et qui donne le droit de juger, aptitude : disposition naturelle ou acquise.
Commençons par les connaissances, qui relèvent de l’intelligence et donc de l’instruction.
Connaissances. Les nouvelles techniques de communication (médias et en particulier T.V., portables, publicité…) inondent l’individu d’informations. Comment trier ces connaissances, les organiser ? C’était facile avant, car c’était à l’école qu’on acquérait les connaissances de base indispensables. C’est aujourd’hui un des rôles majeurs de l’école : d’apprendre à organiser ses connaissances en structures (Piaget), en les hiérarchisant. Mais cela suppose d’abord la maîtrise de notre langue. Ce que dit le maître doit être compris et non simplement écouté. Il ne sert à rien de mémoriser un texte que l’on ne comprend pas, car il n’apporte rien et s’oublie vite. C’est ce que faisaient les enfants de chœur pour les prières en latin lorsque j’étais enfant. Or de nos jours de nombreux élèves maîtrisent mal notre langue dans les classes hétérogènes, à cause de leur histoire personnelle : origine étrangère ou niveau social très pauvre, et l’on n’en tient peu compte. On part du principe que tous les élèves comprennent tout ce que dit le maître..
Voyons donc d’abord le problème de l’enseignement du français.
Français : Pour la lecture le ministre rappelle la C.M du .24/03/06 condamnant la méthode globale (voir mon texte à ce sujet), mais précise « garantir à chaque élève un travail progressif et équilibré entre apprentissage de la compréhension et acquisition de la maîtrise du code »(Cp.113). Ce qui veut dire qu’on doit obligatoirement utiliser une méthode mixte (compréhension et code) et que seul le départ peut être global (compréhension) ou syllabique (code), ce qu’on a d’ailleurs toujours fait. Mais le Président précise « Vous pourrez choisir la pédagogie qui vous semblera la mieux adaptée à vos élèves…il faut faire confiance aux enseignants…parce qu’ils sont les mieux placés pour décider de ce qui est bon pour leurs élèves »(Lp.28). Le ministre devra revoir sa copie de mars 2006 !
La grammaire doit être « centrée sur la phrase »(Cp.113). C’est très bien car la grammaire n’est utile que si elle porte sur une pensée écrite. Mais encore la phrase doit elle avoir un sens pour l’élève et doit donc faire partie de son bagage linguistique. Or nous savons que dans nos classes les niveaux linguistiques des élèves sont souvent très variables. Il faut donc partir de leur langage parlé c'est-à-dire de leur élocution, que la circulaire n’aborde que par quelques mots page 117, mais que demande déjà la C.M.(1). La circulaire précise la nécessité de « leçons spécifiques, systématiques et progressives »(Cp.113), ce qui se fait depuis toujours. Par contre elle signale que l’enseignement « sera conduit dans toutes les classes à partir d’une terminologie uniformisée et accessible à tous »(Cp.113). Bravo, c’est un progrès certain. Car les linguistes avaient introduit un vocabulaire de linguiste dans les programmes, dès l’école élémentaire, qui devenait incompréhensible pour les non linguistes de ma génération et à fortiori pour nos élèves. On a confondu l’école élémentaire et l’université, comme pour les mathématiques dans les années 70, avec l’introduction des maths dites « modernes », qu’on s’est heureusement empressé d’abandonner. On revient enfin à un enseignement de base adapté à l’âge des élèves, comme par le passé ; ce qui n’a pas empêché .l’émergence de brillants linguistes et de brillants mathématiciens.
Mais cette nouvelle terminologie n’a pas encore été publiée à ma connaissance. Comment feront les enseignants ? Il y a dans la circulaire des truismes à côté d’excellentes choses. Nous savons que le français est indispensable pour l’acquisition des connaissances à l’école (et ailleurs aussi) ; il est même indispensable pour la pensée, car on ne peut pas penser sans les mots. Mais l’enseignement du français deviendra de plus en plus difficile à cause de l’évolution de notre société.
Le mélange des langues, lié aux mouvements de plus en plus importants des populations, fait que « l’avenir est au métissage des savoirs, des cultures, des points de vue »(Lp.17) et « la culture commune…s’est effritée…il est difficile de se parler et de se comprendre »(Lp.6). . La C.M.(1) précise « montrer à l’enfant ( comment ?) que si le français est la langue qu’on utilise à l’école cela ne signifie pas que parler une autre langue dans le milieu familial soit un signe de relégation culturelle ». C’est bien la preuve que la société conditionne le fonctionnement de l’école. De plus l’évolution des moyens techniques de communication poussent de plus en plus à la compression des messages écrits (S.M.S.) ; la publicité, sous toutes ses formes, à laquelle les jeunes sont très sensibles, cherche à surprendre, voire à choquer, en déformant ou en dévoyant les mots ou les expressions, et les niveaux de langage des élèves seront de plus en plus disparates. Il faudra donc faire un effort sérieux dans ce domaine..
Mathématiques. Dans la circulaire tout ce qui concerne les mathématiques est traité dans la page 113, en treize lignes. Voyons les passages essentiels.
« L’école maternelle (encore !) joue un rôle primordial…(pour) l’accès aux bases de la numération », or l’accès aux bases (pourquoi le pluriel ?) n’est possible que si l’enfant a maîtrisé la notion de nombre. Il doit découvrirque le nombre sert à désigner la quantité
d’éléments d’une collection et non apprendre par cœur une liste de mots (voir mes documents Arithmétique et Premiers nombres).
(1) – C.M. du 16/3//07 publiée au B.O. du 22/3/07 -
« Un apprentissage progressif des quatre opérations…et la pratique du calcul mental » ce qui semble réduire l’étude des opérations à une maîtrise des techniques opératoires, écrites ou mentales. Or ce qui compte d’abord pour les opérations ce n’est pas la technique opératoire, qui peut d’ailleurs aujourd’hui être assurée par les calculettes, mais le sens des opérations lié à des situations ensembliste(voirArithmétiquep.4 :objectifs, et p.5 : conclusion).
« La résolution de problèmes reste au centre des mathématiques ...(et on doit) proposer aux élèves des situations d’apprentissage progressives et lisibles par tous ». Bravo. On retrouve ici la question du français mais aussi de l’intérêt des élèves ce qui est l’essentiel.
Ce qui est curieux c’est qu’il n’est nulle part question de la géométrie et du système métrique, qui sont en général appris par cœur c'est-à-dire mémorisés et souvent oubliés plus tard. Pour être maîtrisés ils doivent être construits afin de les rendre disponibles pour le reste de la vie (voir mes textes sur Géométrie p.4 et 5,et Système métrique p.5).
Les programmes (1) précisent : « La compréhension des nombres, et notamment (c’est moi qui souligne) de leur lecture chiffrée (numération décimale) » ; c’est donc bien le chiffre qui est premier, et pas le nombre !
Pour les volumes on oublie que dans la vie courante ce sont les capacités qui sont quotidiennement utilisées, et les adultes ont de la difficulté à assimiler le millilitre et le cm3, c'est-à-dire un dé à jouer !
On oublie surtout comment notre société vit les mathématiques : elles ne servent qu’à compter, mais quoi ? La logique et le sens des opérations sont complètement oubliés. De plus leur sacralisation est ignorée et pourtant, largement utilisée par la publicité, elles permettent de nous berner et de nous pousser à la consommation (voir enseignement de mathématiques, bas de la p.1 et p.2)
HISTOIRE, GEOGRAPHIE ET SCIENCES. Il n’en est question nulle part dans la circulaire de rentrée ! Il s’agit là pourtant de matières importantes dans notre société de mondialisation qui, à travers les médias, reconstitue souvent la vie de nos aïeux, et pas toujours avec bonheur. Comment situer les évènements géographiques ou historiques sans en assurer d’abord les bases ? Et comment comprendre l’environnement sans bases scientifiques telles qu’elles étaient jadis abordées dans les leçons de choses, en les adaptant à notre époque ?
. Dans les textes règlementaires suivants, ces trois disciplines sont incluses dans le chapitre Découvrir le monde (cycles 1 et2) et n’apparaissent séparément qu’au cycle 3.
HISTOIRE : Nous ne tiendrons pas compte des acquis à l’école maternelle car l’enseignant devra, lui, tenir compte des élèves qui n’ont pas fréquenté cette école.
(Annexe de la C.M. du14/2/02, p.54). Cycle 2 : « A cet âge il ne s’agit pas encore de faire de l’histoire » mais d’accéder à « un usage raisonné des instruments permettant de structurer le temps et de mesurer les durées ». C’est très bien, mais comment mesurer avant d’avoir abordé la mesure du temps en système métrique ? Il vaudrait mieux parler d’évaluer. Et surtout comment préparer l’élève à se méfier des médias (T.V. en particulier) qui présentent des évocations historiques du passé, souvent déformées, avec le risque de l’égarer car il ne sait pas différencier l’imaginaire de la réalité ? On ignore totalement l’impact de la société sur l’esprit de l’enfant.
En histoire (nous le verrons aussi en géographie) l’élève doit être prémuni contre les fausses connaissances véhiculées par les médias. Certes ces textes datent de 2002 et on
(1) voir B.O. hors série no 1 du 14/2/02 et B.O. no 10 du 8/3/07 (programmes et instructions) concernant le calcul.
Attend les nouveaux textes, en souhaitant qu’ils prennent en compte ce domaine oublié de l’impact de la société sur l’enfant.
GEOGRAPHIE. (Même référence que pour l’histoire) Au cycle 2 l’élève apprend à « se représenter l’espace qui l’entoure (en relation avec le travail du dessin). Il découvre d’autres espaces de plus en plus lointains…Sur le globe terrestre ou sur une carte il apprend à repérer… De même…il découvre la diversité des milieux et des modes de vie ». C’est une mise à jour très intéressante de l’enseignement de la géographie (comme pour l’histoire) qui se poursuit au cycle 3. Mais là encore, comme pour l’histoire, on oublie d’attirer l’attention sur les médias qui, à travers les films et la publicité, risquent de perturber les notions acquises à l’école.
On oublie aussi que nous avons construit notre espace, et continuons à le vivre,à partir de notre conception de l’espace : une distance est évaluée, et donc vécue, en fonction de l’effort que nous devons faire pour la parcourir. 1 km en descente parait plus court que 1 km en montée, 500 km en voiture paraissent plus longs que 500 km en avion. Alors que les distances en géographie sont mesurées. Il est donc utile de lier ici le programme avec les mathématiques (système métrique) et ce, d’autant plus, que les moyens de déplacement actuels raccourcissent les distances vécues. L’évolution de notre société interfère là encore avec l’école.
SCIENCES. Elles n’apparaissentqu’au cycle 3 en tant que discipline mais elles sont préparées dès le cycle 1 dans le cadre de la Connaissance du monde Il y a ici un progrès certain, nettement visible, pour aborder les sciences d’une manière efficace, compte tenu des connaissances actuelles dans ce domaine. Tout est basé sur l’observation et la manipulation, qui sont les bases de l’esprit scientifique. Il est très intéressant de lire les directives dans l’annexe de la C.M. du 14/2/02, p.54. On est en prise directe ici avec la société ; on peut y lire : « Les techniques de l’information et de la communication sont des instruments efficaces du travail intellectuel…L’observation du réel et l’action sur celui-ci sont prioritaires (en particulier pour des enfants qui, à cet âge, peuvent s’enfermer dans les univers virtuels des jeux informatiques) ». C’est moi qui ai souligné. .C’est reconnaître explicitement le lien incontournable entre l’école et la société. Attendons les programmes pour voir s’ils seront en accord avec cette orientation.
. Mais ce qui est vrai pour les sciences l’est tout autant pour les autres matières, et en particulier pour le français et les mathématiques
Instruction civique, que l’on appelle aujourd’hui Education à la citoyenneté.
Dans sa Lettre aux éducateurs (p.7) N. Sarkosy écrit : « Aider (les élèves) à devenir adultes, à devenir des citoyens » et dans la circulaire de rentrée 2007 (P.116) on lit : « apprendre à vivre ensemble ». Mais le mot morale n’apparaît nulle part, sinon dans la lettre p.3 où l’on peut lire « l’expression au sens moral ».
Dans l’annexe hors série no1 du 14/.2/02 on trouve (p.26) « apprendre à vivre ensemble » pour l’école maternelle, on passe ensuite directement au cycle 2 où l’on propose de « dépasser l’horizon de l’école ». Ce n’est qu’au cycle 3 que l’on trouve l’expression « Education civique », prendre conscience d’être un citoyen « de la commune, de la France, de l’Europe… ».
En résumé il s’agit d’apprendre à l’enfant à vivre ensemble. Espérons qu’un programme plus détaillé sera publié. Car vivre ensemble c’est très bien, mais comment ? C’est la lettre du président qui le précise (p.9) : « Nul ne peut vivre sans contrainte, il ne peut y avoir de liberté sans règles », mais qui établit ces règles et à quoi correspondent elles ? C’est tout le problème de l’obéissance aux lois dans notre société actuelle. Par contre (p.9) « faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mal » devra être explicité car, avant, le consensus social s’appuyait sur des bases communes, héritières de la chrétienté, et la population était majoritairement stable, ce qui permettait à J.Ferry de demander aux instituteurs de ne rien dire qui pourrait choquer un père de famille ; aujourd’hui le mélange des civilisations et surtout des religions, sans compter les sectes de plus en plus importantes, pose un problème majeur pour l’enseignement de la morale.
L’éducation à la citoyenneté est le domaine où école et société sont le plus intimement liées et pose les problèmes les plus délicats. Il faudra être très attentif à en fixer les limites ; car c’est dans ce domaine que les conflits, déjà présents, risquent de se développer dans les conseils d’école ;
L’école ne peut à elle seule assurer l’éducation des enfants. Il faut fixer avec précision son rôle en ce domaine. Quant aux connaissances dont elle a la charge, il ne faut pas oublier que la société y participe aussi aujourd’hui, et il faut en tenir compte
CONCLUSION.
Les textes présentent aujourd’hui des idées qui existent depuis longtemps, en faisant croire qu’il s’agit d’une nouveauté, d’une rupture. C’est regrettable car, exploités hypocritement par certains médias ces truismes laissent croire que l’école est responsable de bien des maux de notre société, qu’elle est donc en échec, alors qu’elle a permis à nos élites d’être là où ils sont. L’école n’est pas à changer, elle est à adapter. Et cela ne dépend pas des enseignants, qui ont toujours appliqué les textes imposés par le ministère, et qui étaient contrôlés pour cela. On connaît même des maîtres qui ont été sanctionnés pour appliquer des méthodes qui sont recommandées aujourd’hui ! Mais il faut aussi, comme toute entreprise qui évolue, leur donner les moyens d’appliquer les nouveaux textes, par une formation en cours d’emploi par exemple.
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